Et si nous changions notre perception de l’échec ? Toutes les grandes figures de l’humanité – écrivains, hommes et femmes politiques, sportifs, artistes, scientifiques – ont toutes pour point commun d’avoir fait face à l’échec avant d’être parvenues au sommet. Bien que l’échec soit formateur et bien souvent une étape indispensable et inévitable avant de connaître le succès, l’échec continue d’être perçu comme profondément négatif, comme une faute, une faiblesse. Pourtant, l’échec n’est pas une fatalité, mais il est bel et bien le signe que le succès approche à grands pas. Chaque embûche, chaque épreuve, parce qu’elles nous confrontent au réel et mettent à mal notre désir, nous permet d’en mesurer toute la force, nous rendent plus combatives, plus lucides, plus sages.
L’échec pour affirmer son caractère
« La difficulté attire l’homme de caractère, car c’est en l’étreignant qu’il se réalise lui-même. »
Charles de Gaulle
Faire l’expérience de l’échec révèle son désir et permet de réaliser qu’il est plus fort, plus puissant que l’adversité. C’est au contact des épreuves que l’on forge son caractère, que l’on mesure toute la force de son tempérament. En réalité, l’absence d’échec nous prive de la possibilité d’affirmer pleinement notre caractère et d’en mesurer toute la puissance. C’est au contact de l’adversité que la force d’affirmation révèle toute sa mesure. On pourrait même aller plus loin : il ne peut y avoir de force d’affirmation sans épreuve.
Au lieu de nous détourner de notre vocation, l’adversité au contraire révèle toute la force de notre aspiration profonde. Finalement, les échecs sont autant de tests à notre désir, notre détermination, notre force de vaincre. La force de caractère se forge dans l’adversité. Comme dirait Charles Pépin, peu importe finalement le nombre de fois que tu tombes, tant que tu te relèves une fois de plus, tant que tu te relèves plus forte et plus sage.
L’échec est une leçon d’humilité
« L’humilité rend invulnérable. »
Marie von Ebner-Eschenbach
Vivre l’échec c’est souvent redescendre sur terre. S’il est vrai que l’échec meurtrit profondément, qu’il soit souvent la cause d’un abattement profond pour celui ou celle qui le subit, il est aussi et surtout une étape indispensable, celle de la remise en question. L’échec, c’est réapprendre à se voir tel que l’on est, avec réalisme. C’est encore guérir du péché de l’orgueil, de l’arrogance et de l’illusion de toute puissance et de l’impression d’être intouchable qui mène si souvent dans le mur. L’échec nous offre l’occasion de mesurer nos limites. Ce retour à l’humilité, accompagné par un sentiment d’échec souvent douloureux, est le point de départ d’une nouvelle aventure.
« Un homme est bien fort quand il s’avoue sa faiblesse », écrivait Honoré de Balzac. Être capable de tomber et de se relever en ayant l’intention de ne plus reproduire la même erreur est signe d’intelligence. L’échec, quel qu’il soit, doit faire comprendre à celui qui le subit non pas qu’il doit se résigner et baisser les bras, mais qu’il est capable de faire mieux la prochaine fois.
La joie de la combattante
« Il n’est de joie véritable que si elle est en même temps contrariée : la joie est paradoxale, ou n’est pas la joie. »
Clément Rosset
Sans embûche, sans épreuve et sans adversité, que deviendraient nos satisfactions les plus profondes ? Elles n’existeraient probablement pas. Il y a un lien entre l’échec et la joie. Cette joie, je la nomme joie de la combattante. C’est la joie de revenir de loin, c’est la satisfaction que nous éprouvons lorsqu’après un long périple, jalonné d’échecs et de désillusions, nous réussissons enfin.
Les victoires faciles sont comme des « victoires sans triomphe ». Elles offrent une satisfaction moins grande que celle d’une victoire difficile, arrachée dans la douleur. La difficulté d’une réussite nous permet de la savourer, d’en mesurer le prix. Il y a donc de quoi aimer nos échecs, tant ils contribuent à la profondeur de notre joie. Les victoires faciles n’ont pas cette profondeur. Elles nous glissent dessus. C’est parce que l’on revient de loin que la joie est si grande.
L’échec permet de mieux apprendre
« Ce qui différencie les gens ordinaires de ceux qui connaissent la réussite, c’est la perception de l’échec et la façon dont ils y réagissent. »
John C. Maxwell
Si les succès sont certes agréables, force est de constater qu’ils sont aussi une source moins riche d’enseignement que les échecs. Certaines victoires ne peuvent être remportées sans une série de batailles et d’échecs. C’est là un des secrets de l’existence humaine. L’échec est une manière d’apprendre. Nous apprenons par l’échec et le ratage, en rectifiant nos erreurs initiales. Car si l’erreur est certes humaine, la reproduire n’est pas pardonnable. C’est se condamner à l’ignorance et à ne jamais rien comprendre.
« L’expérience de l’échec est l’expérience de la vie même. » Plus vite nous échouons, plus vite nous sommes en mesure de nous questionner, nous interroger. Ainsi, l’échec n’est jamais qu’un acte manqué. Il ne saurait être fatalité. La vie est un perpétuel mouvement, elle ne saurait être immuable. Rien n’est définitif. Souvent, l’échec mène à de grandes réussites. Les véritables succès ne viennent jamais sans quelques accrocs. Mais encore faut-il savoir se relever et persévérer lorsque l’échec se présente.