Solange : 7 phrases puissantes tirées de son album « A Seat At The Table »

Le 30 septembre sortait le dernier album de Solange Knowles, A Seat At The Table. Cette œuvre de 21 titres qu’elle a écrite, co-produite et arrangée, est empreinte de sensibilité. Des thèmes tels que la  solitude et l’amour y sont abordés. Elle y dénonce les stéréotypes qui circulent sur les Noirs et parle de l’importance de participer à élever sa communauté. L’engagement de la chanteuse-interprète pour la cause noire n’est pas nouveau. Ces sujets sont également ceux portés par le mouvement #BlackLivesMatter qu’elle soutient naturellement. L’album de Solange a été acclamé par la critique qui salue aussi la dimension spirituelle forte de A Seat At The Table qu’on pourrait traduire par « Une Place À Table », une place à la table de l’humanité, pour les Noirs. Voici 7 citations puissantes tirées de son album.

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Au sujet du stéréotype de l’homme/de la femme Noir(e) en colère (« Angry Black Man/Woman », en anglais)

Sur le titre « Mad » (« En Colère » en français), elle est en duo avec Lil Wayne. Ils font référence au mythe de la femme ou l’homme noir qui seraient toujours en colère. Ce thème récurrent, particulièrement aux Etats-Unis, est un procédé discriminatoire qui vise à donner une vision négative des personnes noires qui se révoltent contre le racisme et demandent plus d’égalité, ou des femmes ambitieuses qui savent ce qu’elles veulent. Ce thème revient souvent dans la série « Scandal » de Shonda Rhimes. Dans la réalité, Michelle Obama en a été victime, notamment en 2012 : des journalistes, auteurs d’une biographie non-autorisée sur les Obamas, la décrivaient comme une femme recherchant sans cesse le conflit. La Première Dame avait immédiatement dénoncé ce procédé raciste.

Dans « Mad », Solange fait de même : dénoncer le reproche qui est fait aux personnes noires, celui de se plaindre, de contester l’ordre établi des choses. La chanteuse reprend le droit d’être en colère et dit que c’est normal vu le racisme envers les Noirs aux Etats-Unis et dans le monde, tout en mettant en garde son audience que ça peut devenir un poids.

 « « Pourquoi vous dites n’importe quoi, toujours en train de vous plaindre ? »

« Pourquoi vous devez toujours être, pourquoi vous devez toujours être si en colère ? »

Il y a beaucoup de choses qui font que je suis en colère »

« Tu as la lumière en toi, considère que c’est de la joie pure,

Tu as le droit d’être en colère,

Mais quand tu la portes seul, tu découvres que ça devient un obstacle,

On dit qu’il faut l’évacuer »

Au sujet de l’ingratitude supposée qui est reprochée aux Noirs

Dans « Don’t You Wait » (« N’Attends Pas », en français), Solange parle des personnes qui aiment sa musique mais qui se retournent contre elle dès qu’elle s’engage pour sa communauté. Dans une interview pour le site Genius.com, elle révèle que par rapport à ses prises de position pour les Noirs, certains journalistes l’ont accusée de mordre la main des personnes qui la nourrissent, c’est-à-dire les Blancs qui achètent ses albums. Solange répond à cela qu’elle est libre et qu’elle n’a pas à choisir entre ses convictions et le reste. Ici elle dresse le parallèle entre l’ingratitude qui lui est reprochée et l’esclavage des Noirs grâce auquel les Etats-Unis et plus largement l’Occident a construit sa fortune.

« Maintenant, je n’ai pas envie de mordre la main qui révélera ses vraies couleurs, non

Mais je ne voulais pas construire le pays qui vous a nourri toute votre vie, non

Quelle ironie, vous ne trouvez pas ? »

Au sujet du respect dû aux Noirs

Dans « Don’t Touch My Hair » (« Ne touchez pas à mes Cheveux » en français), Solange ouvre la chanson avec de puissantes paroles sur le respect des corps noirs, des personnes noires. Telle la chevelure de Samson, qui lui conférait des pouvoirs, pour Solange, les cheveux des Noirs reflètent leur personne, leur âme. Et par conséquent, ils ne doivent pas être moqués ou regardés avec curiosité. Cette question de la valeur et du respect des corps noirs fait écho à des temps sombres de l’Histoire, et malheureusement encore d’actualité : celui où les Noirs ne pouvaient disposer de leur propre corps. Solange rappelle que demander à toucher les cheveux d’une personne noire est une forme d’agression, que cet acte est irrespectueux.

«  Ne touche pas à mes cheveux,

Car ce sont mes sentiments que je porte en bandoulière.

Ne touche pas à mon âme,

Car c’est le tempo qui m’est familier.

Ne touche pas à ma couronne,

Elle en dit long sur ma vision.

Ne touche pas à ça,

Car ce sont mes sentiments que je porte en bandoulière. »

 Au sujet de la valorisation nécessaire des Noirs

Dans « F.U.B.U. » (Pour Nous, Par Nous), Solange appelle sa communauté à s’élever. Comme la marque du même nom créée en 1992 par l’entrepreneur américain Daymond John ou la marque OKLM créée par le rappeur français Booba, de nombreuses initiatives se développent pour permettre aux Noirs de développer leurs propres réseaux et obtenir ce qu’on leur refuse par eux-mêmes et pour eux-mêmes : banques noires, magazines, chaînes télévisées, émissions, etc.

« Quand tu sais que tu vas devoir payer le prix fort,

Joue le jeu mais comme un boss

Donc tu penses que ce que tu gagnes tu le perds,

Mais tu sais, ton affaire commence à marcher

Quand tu roules dans ta voiture aux vitres teintées,

Ça fait de toi un criminel,

Mais tu sais, tu iras loin. »

Dans cet album, les interludes ne sont pas juste instrumentaux, Solange y a invité des personnes pour s’exprimer sur la condition noire aux Etats-Unis autrefois et de nos jours. Ainsi, on retrouve ses parents Matthew Knowles et Tina Lawson, entre autres.

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Au sujet de la colère légitime des Noirs face au racisme

« J’étais le premier, l’un des premiers. Lors de mon premier jour, un agent de la Police d’Etat m’a coffré, mis sur la banquette arrière de sa voiture, à côté des autres enfants noirs. Nous étions 6. Et voir tous ses parents, et aussi des membres du Ku Klux Klan faire des gestes obscènes et nous lancer des canettes, nous cracher dessus. Nous vivions dans la peur de mourir. Chaque jour. J’étais perdu dans ce flou qui existe entre l’intégration et la ségrégation. Voilà l’enfance que j’ai vécue. J’étais en colère pendant des années, en colère, très en colère. » – Matthew Knowles dans l’interlude “Dad Was Mad” (« Papa était en colère »)

Au sujet du racisme anti-blanc et de la polémique autour de #BlackLivesMatter et #AllLivesMatter

« Célébrer la culture noire ne veut pas dire que tu n’aimes pas la culture blanche, ou que tu la dénigres. Pour nous, il s’agit juste d’en retirer de la fierté, mais ce qui est agaçant, c’est quand quelqu’un dit « Ils sont racistes ! « , « C’est du racisme inversé !  » ou « Ils ont un mois dédié à leur histoire [« Black History Month », le mois de l’Histoire Noire, ndlr], mais nous n’avons pas de mois dédié à notre Histoire !  » Oui, l’Histoire blanche est la seule Histoire qui est enseignée. Alors pourquoi êtes-vous en colère ? Pourquoi ça vous rend malade ? Ça, c’est m’aliéner et faire que je ne sois pas fière d’être noire. » – Tina Lawson dans l’interlude “Tina Taught Me” (« Tina m’a appris »)

3points

Avec A Seat At The Table, Solange livre une œuvre forte qui n’a rien à envier à Lemonade de sa grande soeur, sorti quelques mois plus tôt. Solo, comme on la surnomme souvent, confirme son engagement et s’affranchit davantage de ce que peuvent penser les autres.

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#BlackLivesMatter est un des mouvements qui a permis une prise de conscience collective au sein de la communauté noire. Des sportifs, aux acteurs en passant par les chanteurs/rappeurs, les célébrités utilisent leurs voix pour faire avancer les choses. Solange vient d’y apporter une nouvelle contribution avec un appel à l’apaisement, au retour aux sources,  à la sérénité.

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