Témoignage : Je suis musulmane, j’étais vierge et j’ai été violé

Plusieurs femmes décident de rester vierges jusqu’au mariage. Et c’est le cas de cette jeune femme qui nous a envoyé son témoignage : l’histoire de son viol. Et ça nous a tellement touché que l’on s’est dit que oui, c’est important qu’on le publie !

« Pourriez-vous le poster en anonyme s’il vous plait ? Je veux partager avec vous une épreuve difficile, la pire épreuve de toute ma vie, et dont je n’arrive pas à me remettre. »

1. Notre rencontre

Je suis une jeune fille de 20 ans, je suis musulmane et j’ai décidé de me voiler depuis que j’ai 18 ans. Ce voile est un choix que j’ai fait toute seule et j’en suis très fière. Je suis étudiante en web marketing, et je reprend ma deuxième année.

D’origine algérienne, je fais partie d’une grande famille, j’ai 1 grand frère et 2 petites sœurs. Mes parents sont encore ensemble, et il y a encore un an, nous étions une famille heureuse et soudée. Dès que quelqu’un était triste ou manquait de quoi que ce soit, tout le monde y mettait du sien. Mon grand frère n’a jamais été de ceux qui font peur, ou qui jouent les « bad boys » pour rien. Il était vraiment responsable et très présent pour aider ses parents et ses sœurs.

J’étais une bonne vivante, déterminée, dynamique, je croquais la vie à pleine dent, et je voulais prouver au monde entier à quel point j’étais capable du meilleur, dans une société qui ne vous accepte pas toujours pour ce que vous êtes.

J’avais rencontré un garçon, Mehdi, quelques mois après avoir porté le voile ; il m’a tout de suite plu. Je le trouvais intelligent, beau, très drôle, très à l’écoute, de bons conseils. Et je lui plaisais beaucoup. Je n’ai jamais eu de réelles expériences avec les garçons ; ça ne m’intéressait pas. Mais avec lui c’était différent. Il était très présent pour moi dans beaucoup de moments difficiles. Donc j’avais une grande confiance en lui. Je me projetais beaucoup avec lui, et du coup j’en avais parlé à ma mère. Elle m’a conseillé sagement et me faisait entièrement confiance. Jusque là j’étais extrêmement bien entourée.

2. Une demande particulière

Après environ 8 mois de relation, un soir au téléphone, Mehdi me demande quelque chose d’assez particulier. Tout d’abord de lui envoyer une photo de moi sans mon voile. J’ai trouvé ça assez surprenant, alors mon premier réflexe a été de rigoler, pensant qu’il s’agissait d’une blague ou d’un test pour voir ce que j’allais répondre. Mais en fait pas du tout, il était très sérieux ! Et malheureusement, il a réussi à m’en persuader. Il m’a clairement fait comprendre qu’il comptait me demander en mariage, et qu’il aimerait beaucoup me voir sans mon voile pour savoir avant ce qui l’attendait : « Tu peux bien faire ça pour moi, je ne vais jamais te faire de mal. Si je te demande une chose pareille, c’est vraiment parce que je veux concrétiser. On arrive à 1 an de relation, j’ai bientôt une situation stable » (il sortait d’une école de communication, et son entreprise lui avait proposé un poste). Alors j’ai cédé et je lui ai envoyé une photo de mes cheveux, long, très bruns et bouclé. Il en est tombé raide dingue, et j’étais heureuse de le voir heureux.

3. L’horreur

Nous nous sommes vus la semaine qui a suivi pour son anniversaire. On a passé une soirée géniale. On a rigolé toute la soirée, on a super bien mangé, on s’est promené. Et ma mère savait que j’étais avec Mehdi, du coup j’étais tranquille. Il me fallait juste entrer avant 23h maximum, ce qui était très raisonnable, et je ne comptais pas déroger à la règle.

Vers 22h30 je demande à Mehdi s’il est possible de s’avancer vers la voiture, j’habitais à 10 minutes en voiture, du coup j’étais dans les temps. Il n’y avait plus de transports, et à pied j’en avais pour 20 à 25 minutes en marchant vite. Il me répond que oui pas de soucis, donc on se dirige vers la voiture. On entre, il prend le volant, et se met à conduire. Je me rends compte au bout de 5 minutes qu’il ne prend pas le chemin habituel :

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« Moi : Mehdi tu t’es trompé, je crois, c’était l’autre route.
Mehdi : Non t’inquiètes pas, j’en ai pour 5 minutes faut que je te montre un truc
Moi : D’accord, mais fais vite, je ne veux vraiment pas avoir de problèmes
Mehdi : Mais non me fatigues pas! Je te dis que ça va prendre 5 minutes ! »

Je ne m’attendais pas à l’agacer, mais ça ne m’a pas plus choqué que ça, et affreusement, j’étais même curieuse de savoir ce qu’il voulait me montrer. On est arrivé dans une sorte de forêt très sombre, on ne voyait rien et il faisait très froid et humide, c’était très désagréable.

Il me regarde, et m’embrasse brusquement. La manière dont il m’a pris la nuque me faisait mal, alors je l’ai poussé. Je lui ai demandé ce qu’il lui arrivait, il m’a répondu « J’ai envie de toi. » Je l’ai regardé très confuse ne comprenant pas du tout ce qui se passait.

Il faut savoir que nous n’avions jamais parlé de sexe lui et moi, nous étions encore très pudiques là dessus, surtout moi. J’ai une vision tellement sacrée de ma virginité. Je n’ai jamais jugé les femmes qui ne l’étaient plus, c’est vraiment leur choix et je le respecte complètement. Mais le mien était de rester vierge jusqu’au mariage.

Je n’ai même pas eu le temps de lui répondre, qu’il m’arrachât mon voile et souleva ma jupe. J’ai senti ses doigts, et sa main en dessous de mon tee-shirt en train de me toucher les seins. Je n’arrivais même pas à hurler, je n’arrivais plus à bouger, j’étais paralysée par la douleur ressentie lorsqu’il est entré en moi. J’ai senti mon corps se déchirer. Après ça, il a repris le volant, comme si de rien n’était. Moi, je ne parlais pas. J’étais muette pendant tout le trajet. Il me déposa devant immeuble. Mes jambes tremblaient tellement que je ne tenais même pas debout.

4. Ma descente aux enfers

Seda Makhagieva

En rentrant chez moi, je n’arrivais même pas à pleurer, je me suis directement dirigée vers la salle de bain, et je me suis lavé jusqu’à m’en irriter la peau. Je suis allée dans ma chambre et j’y suis restée enfermée. J’étais traumatisée. J’ai fait preuve de mutisme, et n’ai pas parlé pendant près d’un mois, ni à ma famille, ni à mes amis, ni à mes professeurs (mais de toute manière je n’allais plus en cours). Je ne mangeais plus, je n’allais plus à l’école, mon frère hurlait d’incompréhension lui qui avait un tempérament calme. Ma mère pleurait ne sachant pas ce qu’il se passait, et mon père me pensait folle. Il n’y a que ma toute petite sœur qui restait assise à côté de moi, et qui me suivait dans ma chambre sans jamais rien me demander tout en me racontant sa vie. Je ne sais pas si elle sentait qu’il y avait un problème grave, mais en tout cas sa présence m’a permis de rester en vie aujourd’hui. Si elle n’avait pas été là, nombreuses ont été les fois où j’aurais pu mettre fin à mes jours.

5. Je me sentais coupable

Vous savez, ce qui est le plus dur dans un viol, c’est cette violence qui apparaît quand on décide de vous priver de votre liberté, de vos envies, de votre humanité, et pour ma part de ma virginité. Le viol existe aussi bien chez les femmes vierges que chez celle qui ne le sont pas, il existe aussi bien chez les femmes en couple que célibataires, il existe aussi bien chez les croyantes que les non-croyantes. Et aucun n’est pire que l’autre.

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Moi je ne parle qu’en mon nom et ma situation, en espérant peut-être en parler au nom de celles qui ne peuvent pas en parler, et qui pourraient se retrouver dans mon témoignage. Dans ma culture, une femme qui perd sa virginité est vue comme une trainée et ce peu importe la raison ! On ne cherche pas à en savoir plus : « Tu l’as surement cherché ! » Alors, non seulement je n’avais pas le courage de le dire aux membres de ma famille parce que je ne savais pas qu’elle allait être leur réaction, mais aussi je n’étais pas prête à me retrouver seule, jugée, lynchée, même si évidemment la victime c’était moi. Je n’arrivais plus à regarder mes parents dans les yeux et leur dire que leur petite fille a été « salie ».

J’en suis venue à m’estimer coupable, je m’étais persuadée que si je ne lui avais pas envoyé cette photo sans mon voile, peut-être n’aurait-il jamais fait ça ? Peut-être n’aurait-il jamais envisagé de me voler ce que j’avais de plus précieux ? Suis-je fautive ? Bien sûr que non ! Mais croyez-moi c’est plus facile à dire qu’à croire ! Oui, quand on se fait violer, on se sent fautive ! Pourquoi ? Je ne sais pas. Je vous dit juste ce que j’ai ressenti et ce que des millions de femmes ressentent. À qui pouvais-je faire confiance maintenant ? Comment vais-je me reconstruire maintenant que mon corps est comme mutilé ?

6. C’est encore dur à vivre aujourd’hui

Mariam Effendi

Aujourd’hui, je n’en ai toujours pas parlé à ma famille, je n’en ai toujours pas le courage.

J’ai beaucoup prié et j’ai pris le temps de comprendre et d’assimiler que je ne suis pas responsable. Je sais que Dieu est juste et que ma religion est bonne et douce, alors je me consacre à elle en essayant de me reprendre en main. J’ai recommencé mon année d’études, j’écris de temps à autre, et je prends du temps pour sortir avec mes amies que j’avais délaissées.
J’ai dit à ma mère que Mehdi m’avait trompée et que c’était pour ça que j’étais triste, que c’était fini avec lui. Mais je pense qu’elle se doute qu’il y a autre chose. En tout cas, elle n’a pas insisté et je remercie Dieu chaque jour de m’avoir donné une mère si aimante et compréhensive. Quant à mon père, mon frère et mes soeurs, ma mère s’en est chargé. Elle leur a expliqué qu’ils n’avaient pas à savoir et que ça ne concernait plus qu’elle et moi. De ce côté-là je suis tranquille. J’ai tout de même le droit à des remarques de la part de mon frère très protecteur qui me répète inlassablement : « Fais attention à toi et tu me dis s’il y a quelque chose ».

Je sais que je vais devoir en parler à quelqu’un un jour, peut-être un spécialiste ou autre, mais pour l’instant je n’y arrive pas. Vous en parler me fait du bien. Je me fais confiance, je fais confiance à ma destinée, je fais confiance à mon courage et à l’amour que l’on me porte : tout ça va m’aider à avancer et surmonter cette horreur.

 

À toutes les femmes qui ont subi cette infamie, vous n’êtes responsables de rien ! Vous n’avez rien cherché ! Ils sont les seuls responsables de cette horreur ! Continuez à vous habiller comme vous voulez, à parler comme vous voulez, et à être ce que vous êtes réellement. Ne leur donnez pas raison. Ne vivez pas dans la peur.

Si cela vous arrive, ayez le réflexe de ne SURTOUT PAS vous laver et contactez la Police au 17 ou SOS Viols Femmes au 08 00 05 95 95. N’ayez aucune peur ou hésitation à porter plainte, car ces hommes qui brisent vos vies doivent répondre de leurs actes devant la justice.


Si toi aussi, tu souhaites partager ton témoignage sur #FI, n’hésite pas à nous l’envoyer à l’adresse suivante : jesuisfi@femmedinfluence.fr

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