10 Citations Inspirantes de Gisèle Halimi, L’avocate qui a Changé Le Destin des Femmes

© Roger Viollet

L’avocate Gisèle Halimi s’est éteinte à l’âge de 93 ans il y a quelques mois, après toute une vie consacrée à lutter pour les droits des femmes. Elle a notamment révélé les tortures pratiquées par l’armée française lors de la guerre d’Algérie en défendant Djamila Boupacha, accusée de terrorisme, mais c’est aussi grâce à elle que l’avortement est dévenu un droit, que le viol a été considéré comme un crime et non un simple délit, que l’homosexualité a cessé d’être une infraction… et tant d’autres combats.

Toute sa vie, elle a utilisé son art de plaider pour défendre les droits de tous à travers chacun de ses clients.

Allergique à l’injustice, Gisèle Halimi a toujours considéré qu’elle ne pouvait se sentir libre si une autre femme ne l’était pas autant qu’elle, ou si un homme avait plus de privilège qu’elle du simple fait de son genre. Elle a aussi toujours été convaincue qu’une seule personne déterminée pouvait impacter toute une société.

Voici 10 citations inspirantes de cette femme intrépide et insoumise:

“J’étais Déterminée à Aller Vers mon Chemin, que ça Plaise ou Non”

“J’étais déterminée à aller mon chemin, que ça plaise ou non. Et mon chemin passait d’abord par cet appétit démesuré de connaissances, et par les livres pour lesquels j’avais une passion. C’était ça, la vraie nourriture!”

Gisèle Halimi a grandi en Tunisie, dans une famille juive très traditionaliste qui considérait qu’avoir une fille était un  manque de chance: lorsque sa fille est née, le père de Gisèle Halimi a mis plusieurs semaines à avouer le sexe de son enfant à son entourage! Destinée à un mariage arrangé à 15 ans, et à servir ses frères en attendant, la jeune fille a toujours refusé l’injustice de ce destin déterminé par son genre. A 10 ans, elle faisait sa première grève de la faim pour avoir le droit de lire, à 13 ans elle recommençait pour ne plus avoir à faire les lits de ses frères, et cette même détermination lui fit arracher le droit de partir faire des études de droit et de philosophie à Paris, dans la continuité d’un parcours guidé par une certitude: la liberté d’une femme passe par les études et la lecture.

“J’ai très Tôt Choisi mon Camp, celui des Victimes. Mais Attention! Des Victimes qui Relèvent la Tête, s’Opposent, Combattent.”

“Nous étions dans un monde coupé en deux, cela m’apparaissait clairement. D’un côté ceux qui opprimaient et en tiraient profit, et de l’autre, les humiliés, les offensés, bref, les victimes. J’ai très tôt choisi mon camp, celui des victimes. Mais attention! Des victimes qui relèvent la tête, s’opposent, combattent.”

Gisèle Halimi prit la défense des combattants pour la libération de l’Algérie, au péril de sa propre sécurité alors qu’elle était déjà maman de 2 enfants. Elle défendit également la jeune Marie-Claire Chevalier, une lycéenne de 16 ans, ayant dû avorter à la suite d’un viol. L’IVG étant illégale à l’époque, Gisèle Halimi décida d’accuser la loi qui rendait la jeune fille coupable. Elle signa avec 342 autres femmes un manifeste où elle revendiquait faire partie des millions de femmes ayant dû avorter dans la clandestinité, et se désignant elle aussi comme coupable aux côtés de sa cliente. En gagnant ce procès, elle ouvrit la voie à la loi Veil dépénalisant l’avortement 2 ans plus tard.

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Quelques années après, elle prend la défense de deux jeunes femmes ayant subi un viol collectif. Leur cas n’était pas pris au sérieux car le viol était considéré comme un simple délit: Gisèle Halimi décide comme à chaque fois, selon son expression, de « s’adresser à l’opinion publique par dessus la tête des magistrats« , médiatisant le procès et faisant du combat pour  2  femmes la possibilité d’une évolution des droits de toutes les femmes. Grâce à elle, le viol a été redéfini dans la loi et qualifié de crime.

« Quand j’Entre dans le Prétoire, j’Emporte ma Vie avec Moi« 

“Monsieur le Président, il m’échoit aujourd’hui un très rare privilège. Je ressens aujourd’hui un parfait accord entre mon métier, qui est de plaider, qui est de défendre, et ma condition de femme.”

Ces phrases sont le début de sa plaidoirie pour la jeune Marie-Claire Chevalier. Gisèle Halimi s’apprête à révéler au juge qu’elle est aussi “coupable” que sa cliente, et qu’elle vient défendre ses droits en même temps que ceux de toutes les femmes. Pour cette avocate, on ne peut exercer son métier sans une totale cohérence entre nos valeurs et notre travail: “Quand j’entre dans le prétoire, j’emporte ma vie avec moi.”

“Ce n’est pas de l’héroïsme, c’est de la cohérence. Ma liberté n’a de sens que si elle sert à libérer les autres.”

“Il Nous faut une Révolution Complète des Moeurs, des Esprits, des Mentalités. Un Changement Radical dans les Rapports Humains”

Quelques mois avant son décès, Gisèle Halimi livrait un testament aux femmes du XXIème siècle, nous invitant à reprendre le flambeau des luttes qu’elle a menées tout sa vie. Elles nous donne 3 directions: abattre les inégalités, être indépendantes économiquement et savoir être égoïstes:

“J’attends qu’elles fassent la révolution. Je n’arrive pas à comprendre, en fait, qu’elle n’ait pas déjà eu lieu. Des colères se sont exprimées, des révoltes ont éclaté ça et là, suivies d’avancées pour les droits des femmes. Mais nous sommes encore loin du compte. Il nous faut une révolution complète des moeurs, des esprits, des mentalités. Un changement radical dans les rapports humains, fondés depuis des millénaires sur le patriarcat: domination des hommes, soumission des femmes. Car ce système n’est plus acceptable, il est même devenu grotesque.« 

“Il est un langage que tiennent les hommes et que les femmes ne devraient jamais laisser passer. Les mots ne sont pas innocents. Ils traduisent une idéologie, une mentalité, un état d’esprit. Laisser passer un mot, c’est le tolérer. Et de la tolérance à la complicité il n’y a qu’un pas.”

« Soyez Indépendantes Economiquement, c’est une Règle de Base« 

“Alors oui, j’ai envie de dire plusieurs choses aux jeunes femmes qui préparent le monde de demain. D’abord, soyez indépendantes économiquement, c’est une règle de base. La clé de votre indépendance, le socle de votre libération, le moyen de sortir de la vassalité naturelle où la société a longtemps enfermé les femmes. Comment devenir un être de projets si l’on demeure assujettie au pouvoir d’un “protecteur”? Comment vivre la vérité d’une relation amoureuse si l’on est entretenue et contrainte, en cas d’insatisfaction sexuelle, de feindre le plaisir puisque quitter le seigneur et maître est exclu? Comment être libre d’exister, de choisir, de fuir en cas de violence, si l’on est dépourvue de moyens, de métier, de relations sociales, et de l’estime de soi que procure l’indépendance économique?”

« Fichez-Vous des Railleries et Autres Jalousies. Vous êtes Importantes. Devenez Prioritaires.« 

“Ensuite, soyez égoïstes! Je choisis ce mot à dessein. Il vous surprend? Tant pis. Les femmes ont trop souvent le sentiment que leur bien-être doit passer après celui des autres, les parents, les enfants, les compagnons, le cercle professionnel et familial. Elles craignent se s’imposer, d’exiger, de révéler leurs envies ou ambitions, de se mettre clairement en avant. Ce n’est pas qu’elles soient naturellement modestes. C’est juste que l’Histoire leur a dicté cette attitude de réserve, voire de retrait: une femme ne doit pas faire de bruit,  ne pas déranger, ne pas se faire remarquer, ne pas avoir l’esprit de compétition,  ne pas chercher la gloire. Ça, c’est réservé aux hommes. Mais rebellez-vous! Pensez enfin à vous. A ce qui vous plaît. A ce qui vous permettra de vous épanouir, d’être totalement vous-mêmes et d’exister pleinement. Envoyez balader les conventions, les traditions, et le qu’en dira-t-on. Fichez-vous des railleries et autres jalousies. Vous êtes importantes. Devenez prioritaires.”

 « N’ayez pas Peur de vous Dire Féministes. C’est un Mot Magnifique« 

“Enfin, n’ayez pas peur de vous dire féministes. C’est un mot magnifique, vous savez. C’est un combat valeureux  qui n’a jamais versé de sang. Une philosophie qui réinvente les rapports hommes-femmes enfin fondés sur la liberté. Un idéal qui permet d’entrevoir un monde apaisé où le destin des individus ne serait pas assigné à leur genre, et où la libération des femmes signifierait aussi celle des hommes, désormais soulagés des diktats de la virilité. Quand on y songe, quel fardeau sur leurs épaules!”

« Soyez dans la Conquête. Gagnez de Nouveaux Droits sans Attendre qu’On vous les Concède« 

“Les droits des femmes sont toujours en danger. Soyez donc sur le qui-vive, attentives, combatives; ne laissez pas passer un geste, un mot, une situation, qui attente à votre dignité. La vôtre et celle de toutes les femmes. Organisez-vous, mobilisez-vous, soyez solidaires. Pas seulement en écrivant Me Too sur les réseaux sociaux. C’est symathique, mais ça le change pas le monde. Or c’est le défi que vous devez relever. Soyez dans la conquête. Gagnez de nouveaux droits sans attendre qu’on vous les concède.”

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