Pour Fatou Diome, chaque être humain devrait être libre de s’installer et de vivre dans n’importe quel pays de cette planète s’il le souhaite. Ce n’est malheureusement pas encore le cas aujourd’hui mais l’écrivaine franco-sénégalaise de renommée internationale y travaille avec ses mots et ses actions : conférences, livres, interventions télévisées. Voici 3 éléments qui ressortent de son parcours et qui font d’elle un exemple à suivre.
1. Elle s’exprime
Pour Fatou Diome, dans le monde actuel, être écrivain, c’est être engagé.
« À quoi sert de prendre la parole publique si on ne traite pas des sujets qui font mal. Nous les poètes, lorsqu’on sort de l’esthétique du mot, du plaisir textuel, pour aller sur des questions plus amères, plus dures, c’est qu’on n’a pas le choix, c’est aussi notre rôle. » – Fatou Diome
Cette voix, c’est sa force. Grâce à son passage dans l’émission « Ce soir (ou jamais !) », présentée par Frédéric Taddéï, elle a représenté le point de vue de milliers de personnes concernant la question de l’immigration, les relations entre l’Afrique et l’Europe et la mondialisation. Ce changement de perspective a fait beaucoup de bien dans un débat qui glisse systématiquement vers le racisme et la xénophobie.
La posture de Fatou Diome dans ce débat est une inspiration à l’heure où beaucoup de personnalités sont très frileuses à l’idée de s’exprimer sur des thèmes cruciaux pour le monde. Ce courage, Fatou Diome en a fait preuve dès les plus jeunes années de sa vie.
2. Elle fait preuve de courage et de force
Aller à l’école, apprendre le français, travailler pour financer ses études. Le contexte familial et marital de Fatou Diome n’a pas toujours été simple mais elle a toujours été combative pour venir à bout de ses démons. Du courage, il en faut aussi pour dire à ses pays la France et le Sénégal ce qu’elle pense de leurs comportements respectifs :
« Il faut en finir avec ces schémas exploitant/exploité, donateur/assisté. Et ne pas chercher les responsables qu’à l’extérieur de l’Afrique. Les Africains doivent s’affranchir du statut de victime. » – Fatou Diome
« La fin du complexe colonial des deux côtés. Il n’y a pas que les dominés qui ont ce complexe. Pour eux, il est d’infériorité. Les dominants ont un complexe de supériorité. Il faut oser dire devant un Européen: je ne suis pas devant un maître ni un ancien maître. Je suis devant le descendant d’un ancien maître qui a rectifié ses lois pour revendiquer la Déclaration universelle des droits de l’homme. Et moi, je ne suis pas une colonisée. » – Fatou Diome
Pour elle, il faut revenir à une relation équilibrée, n’en déplaise à certains qui voient dans ses critiques de la France et l’Europe, une ingratitude envers le pays et continent qui l’a « accueillie ». A ces paternalistes qui considèrent la France comme le sauveur, le « père » de certaines nations, Fatou Diome répond très justement et simplement :
« L’humanité. C’est là où j’habite. C’est ma carte d’identité la plus complète. » – Fatou Diome
« Attention, aider quelqu’un, c’est l’aider à ne plus avoir besoin de vous. » – Fatou Diome
En faisant cela, en analysant ce qui ne va pas de part et d’autre, Fatou Diome cherche à faire dialoguer deux mondes pour les réconcilier.
3. Elle défend la vision d’un monde plus juste
Les migrations, c’est aussi une affaire de papiers. Ce sont ses « justificatifs » qui vont définir le statut de la personne qui migre. Fatou Diome en parle très bien :
«Les européens voient arriver les Africains, ok. Ce mouvement de population, on le voit. Mais on ne voit pas le mouvement des européens allant vers les autres pays. Celui-là, c’est le mouvement des puissants, ceux qui ont l’argent. Ceux qui ont le bon passeport. Donc vous allez au Sénégal, vous allez au Mali, vous allez dans n’importe quel pays du monde, au Canada, aux Etats-Unis, partout où je vais […] je croise des Français, des Allemands, des Hollandais. Je les rencontre partout sur cette planète parce qu’ils ont le bon passeport ! » Fatou Diome
L’écrivaine est une citoyenne du monde et en tant que telle, elle considère que les frontières n’existent pas :
« Je veux abolir les frontières, les étiquettes et les tiroirs: littérature-féminine-francophone-africaine-subsaharienne-post-coloniale … Non. » Fatou Diome
« Quand j’écris, je ne connais pas de Noirs, je ne connais pas d’Arabes, je ne connais pas de Blancs … Je connais les gens qui composent notre monde. Dans « Celles qui attendent », je parle de ces femmes mexicaines sans papiers aux États- Unis. Elles se cachent en attendant que leurs époux reviennent avec les papiers, après avoir traversé le désert. C’est comme chez nous en Afrique. Et ailleurs. Chez toutes ces femmes, maliennes, afghanes, mexicaines, je trouve le même sanglot de la solitude. C’est le dénominateur commun qui m’intéresse le plus dans l’écriture. » Fatou Diome
« Si vous êtes Canadien ou Argentin de couleur blanche, vous êtes expatrié, si vous êtes non-blancs vous êtes immigrés. … On ne voit pas le mouvement des Européens vers le reste du monde, ils ont le bon passeport. » Fatou Diome
Les messages négatifs de haine et de rejet de l’autre se multiplient, certains font usage de leur tribune pour répandre ce poison. Mais heureusement que des femmes d’une grande intelligence, cultivées, humaines et engagées utilisent leur voix à bon escient, pour nous rapprocher, pour faire avancer l’humanité. Fatou Diome est de ces femmes-là. Des femmes fortes, puissantes qui disent ce qu’elles pensent et mènent des combats pour que recule toute cette ignorance sur l’Afrique, sur les femmes.
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