Ericka Hart, survivante du cancer : Pourquoi j’ai décidé de montrer mes cicatrices

Le cancer du sein est la principale cause de décès par cancer chez les femmes dans le monde. Pour qu’elles soient mieux informées concernant ce fléau, de nombreuses personnalités prennent la parole, comme Angelina Jolie. En 2015, l’actrice américaine avait révélé au monde avoir subi une double ablation des seins (mastectomie) préventive, suivie d’une ablation des ovaires et des trompes utérines. Cette révélation avait permis à tous, et aux femmes en particulier, d’en savoir plus sur cette maladie. Des personnes moins connues prennent elles aussi la parole.

C’est le cas d’Ericka Hart. En 2014, cette jeune américaine, alors âgée de 28 ans, a appris qu’elle était atteinte d’un cancer des 2 seins. Dans le cadre de son traitement, elle a subi une double mastectomie, comme Angelina Jolie et des centaines de milliers d’hommes et de femmes. Cette opération, a profondément changé son corps, lui laissant deux cicatrices. Fin août dernier, Ericka Hart a dévoilé sa poitrine pour la première fois lors de l’édition new-yorkaise du festival « Afropunk Fest ». Voici en 3 points pourquoi Ericka Hart a choisi de faire entendre sa voix et parler de son combat de cette façon.

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1. Montrer la réalité de la maladie  

 

Comme je te le disais plus haut dans l’article, Angelina Jolie a appris au monde il y a quelques années qu’elle avait subi une double mastectomie pour prévenir l’éventualité d’un cancer du sein. A part ce type de témoignages exceptionnels et des campagnes de sensibilisation comme Octobre Rose, qui a lieu tous les ans depuis 23 ans, peu d’informations sont données concernant la réalité de la maladie. En termes de traitement, on associe naturellement le cancer à la chimiothérapie mais elle n’est pas automatique et il existe surtout d’autres moyens de vaincre la maladie. L’ablation en fait partie. Cette intervention a des conséquences psychologiques et émotionnelles fortes sur les celles qui la subissent, mais ne sont pas toujours visibles de l’extérieur. Ericka Hart ne veut pas que ce soit un tabou ou que les femmes ayant subi une telle opération se sentent moins féminines ou mutilées.

« Le cancer du sein peut être un handicap invisible. En tant que femme noire, beaucoup de femmes noires portent le cheveu court, quand j’étais en pleine chimiothérapie et que j’étais chauve, les gens me complimentaient pour ma « coupe ». J’ai déjà eu les cheveux très courts, mais là, c’était très différent. Du coup, si je porte une chemise, tu n’aurais jamais su [que j’étais atteinte d’un cancer du sein]. Les gens pensent qu’avec le cancer on a un look particulier. Je voulais montrer qu’être cancéreux, ça ne ressemble à rien, il n’y a pas de « look » particulier. Ce n’est pas être chauve, être frêle, blanc ou hétéro. »

Pour que les femmes sachent ce qu’implique cette maladie, Ericka a fait part de détails concernant son expérience, notamment la reconstruction mammaire, une intervention qui n’a pas lieu tout de suite après la mastectomie, ce qui implique une autre intervention chirurgicale et souvent de longs mois d’attente entre les 2 opérations.

« On a retiré une partie de mon sein, mis une poche à la place pour détendre la peau avant que la reconstruction mammaire soit effectuée à un autre moment. »

En France, l’institut, Gustave Roussy, premier centre de lutte contre le cancer en Europe, teste une nouvelle technique opératoire qui permet aux femmes de subir une mastectomie et une reconstruction mammaire au cours de la même opération. Les femmes qui ont bénéficié de ce programme ont salué ce progrès : il y aurait moins de douleurs et un plus faible impact psychologique dû au fait qu’au réveil, les femmes verraient peu de différence entre leur « nouvelle » poitrine et celle d’avant. Pour Ericka, ce nouveau corps, il ne faut pas en avoir honte.

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2. Encourager les femmes à aimer leur nouveau corps

Si Erica a choisi de montrer ses cicatrices, c’est pour affirmer l’amour qu’elle a pour ce corps qui est le sien après son combat contre la maladie. Être atteinte d’un cancer du sein conduit souvent à une remise en question du rapport au corps et à la féminité. La mastectomie ne fait que renforcer ce sentiment. Ericka a été confrontée à cela.

« Posez beaucoup de questions concernant votre corps (…). Vous n’êtes pas “cassées”, il n’y a rien qui cloche chez vous. C’est juste quelque chose dont vous faites l’expérience en ce moment, et c’est tout. »

« [La maladie] a eu un fort impact sur mon rapport au corps. De nos jours, tout le monde a une opinion ou des commentaires sur notre corps, le comparant aux standards de beauté européens. Même en grandissant avec des parents fiers des particularités de leurs corps, j’avais toujours ces idées implantées dans mon esprit (…). Aujourd’hui, je veux vraiment mettre mon corps dans toutes ses proportions en avant (…). Je veux que les gens voient mes cheveux crépus et mes seins avec ces cicatrices. J’ai un point de vue différent sur mon corps [maintenant], mais ce n’est pas juste esthétique. »

Aujourd’hui, après la maladie, les traitements lourds, Ericka assume complètement son nouveau corps. Mieux, elle se sent attirante.

« Par rapport à l’Afropunk, [j’ai pensé], comment les patientes atteintes du cancer du sein sont-elles représentées ? Et elles sont dépeintes comme des femmes dotées d’une mentalité de survivante mais on ne voit jamais de personnes ayant subi une double mastectomie comme sexy (…), tu vois ce que je veux dire ? Il doit y avoir plus de récits de femmes disant comment elles ont survécu, mais souvent ce sont des histoires tristes, ou elles meurent, ou pas. Nos vies sont tellement plus intéressantes que ça. »

Des récits tragiques liés au cancer du sein, Ericka en a connu un : à 13 ans, elle a perdu sa mère à cause d’un cancer du sein. Depuis, elle a été suivie médicalement, mais c’est grâce à certains gestes d’auto-dépistage qu’elle a découvert des grosseurs anormales. Le combat d’Ericka, c’est aussi celui de sensibiliser les femmes au dépistage.

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3. Encourager les femmes à se faire dépister

La question du dépistage est un des points centraux dans la lutte contre le cancer du sein. Selon une étude américaine récente, l’autopalpation aurait permis de détecter 40% des cancers du sein. Ces gestes sont donc fortement recommandés par les spécialistes dès 20 ans. Plus le cancer est détecté tôt, plus les chances de guérison (rémission) sont grandes.

C’est grâce à ces gestes qu’Ericka a consulté un médecin qui a diagnostiqué son cancer.

« Ma décision de participer à l’édition 2016 d’Afropunk topless, c’était pour rendre visible ce que j’avais envie de voir, besoin de voir (…). Je voulais que les gens me voient et tâchent de se souvenir qu’il faut qu’ils checkent leurs seins, quelque soit leur âge. »

En effet, le cancer du sein peut survenir à n’importe quel âge. Pour sensibiliser davantage les populations plus jeunes, l’application “Check Yourself” propose un tutoriel pas à pas pour pratiquer l’auto-palpation régulièrement. Disponible en 4 langues, l’appli a été développée pour les mobiles iOs et Android.

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Grâce à son témoignage, Ericka Hart a levé un voile sur ce que c’est de vivre avec le cancer du sein, du diagnostic jusqu’à la rémission, ainsi que ses effets sur différents aspects de la vie du patient. Choc de l’annonce, le combat contre la maladie, le lourd traitement, le regard de la famille, des amis, du conjoint, les lourdeurs administratives, la vie sexuelle, etc.

Son témoignage est l’un des plus forts jamais livrés, surtout venant d’une femme noire. Dans un billet de blog, elle révèle d’ailleurs que depuis quelques années, elles sont plus touchées que d’autres.

Merci Ericka Hart !

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